Extrait du journal

plan Mayer : l'étonnante désinvolture avec laquelle sont traités les citoyens. N’est-il pas inadmissible, en effet, que le possesseur d’un ou deux billets de cinq mille francs soit resté dans l’ignorance absolue du moment auquel lui serait remboursé l’argent dont il a besoin pour vivre ? L’apaisement le plus complet n’eût-il pas dû lui être apporté, non seulement en cc qui concerne ce remboursement, mais quant à la date où il sera opéré ? L’angoisse des petites gens qui ont interminablement fait la queue hier devant les banques, l’absence totale des prévisions en ce qui concerne les étrangers de passage, les délais ridiculement courts de l’échange suffisent déjà à « mettre en relief », comme l’écrit « Le Monde », « l'insuffisance incroyable des mesures pratiques adoptées ». Mais une telle carence témoigna aussi d’une légèreté particulièrement regrettable et permet de mesurer le défaut d'imagination des pouvoirs publics. Etait-il donc si difficile d’annoncer officiellement que, dès jeudi, par exemple, un premier billet de cinq mille francs serait remboursé à chaque petit porteur ? L’Etat peut demander des sacrifices aux citoyens ; du moins, leur doit-il des explications et des égards. Cette sorte de grossièreté, de mépris d’autrui dont s’inspirent en toute occasion les actes officiels sont pour beaucoup dans la méfiance que les citoyens finissent par vouer systématiquement à leur Gouvernement....