Extrait du journal

N'accablons pas les hommes diktat qu'aux jours sombres de [l'histoire la fatalité enferme dans de pénibles dilemmes. Mais constatons une fois de plus que M, Churchill s'est trompé à Yalta dans la mesure exacte où, pour mieux engager son partenaire de l'Est, il a cru qu'il suffisait de tenir un certain langage, de se montrer beau joueur, de sacrifier la notion de droit au réalisme le plus aléatoire. Comme beaucoup d'autres, M. Churchill s'est imaginé qu'il existait deux sortes de réalisées : celui qu'on freine en temps voulu par consentement mutuel et celui que la raison et la sagesse des nations interdisent en principe. Or, le réalisme ne se divise pas. Dès qu'il s'affirme sous l'étiquette de politique de puissance et de zones d'influence, lia tendance à peser de tout son poids et souvent, par son poids seul, il crée, selon la formule consacrée à l'O.N.U., des situations d'où l'on a de la peine à s'évader sans douleur ni dommages. En bref, l'illusion de M. Churchill est d'avoir pensé qu'on ne lui chercherait pas querelle à Athènes et ailleurs, puisqu'il consentait tacitement à entrebâiller, au profit d'un de ses associés, les portes de Varsovie, de Budapest, de Vienne et de Bucarest....