Extrait du journal

L'occasion me fut donnée trop tôt, hélas, d'en vérifier l'exactitude. J'avais seize ans et venais de passer mon baccalauréat. Le jour où j'arrivai à SaintSauves, cette année-là, tous les habitants formaient le cercle sous la charmille qui entoure l'église, et si attentifs que le bruit de la patache qui m'amenait ne leur fit pas même détourner la tête. Je m'approchai. En me haussant sur la pointe des pieds, j'aperçus deux gendarmes en uniforme de gala. L'un, qui était rouge de poil et de peau, faisait de grands efforts pour ne point éclater de rire, tandis. que l'autre, un grand maigre, avait un air lugubre. Entre eux, je reconnus la croupe pacifique de Rosette, et, chevauchant la bourrique à l'en vers.mon oncle lui-même, sérieux comme un patriarche, et qui tenait dans sa main gauche le code, que venait fouetter par intervalles la queue ballante de Rosette! C'est en cet équipage que M. Ferreyrolles, mon oncle, rendait sa justice en présence de tous les citoyens....