Extrait du journal

L'année théâtrale finit mieux qu'elle n'a commencé. Octobre 1921 fut le mois des sombres pronostics : la coopérative du Théâtre des Arts définitivement dissoute j fermeture de la Comédie-Montaigne; le Canard Sauvage incapable de se reconstituer; la direction du Théâtre-Antoine échappant à Gémier : on se demandait à quelle porte les meilleurs ouvriers dramatiques pourraient frapper. Six mois passent et les plus grands espoirs nous sont rendus. Où chercher les rasons profondes qui ont permis à des entreprises artistiques de naître des cendres de leurs devancières? Peut-être dans un déclassement, dans un regroupement des différents publics de théâtre. Il est difficile de savoir si la clientèle au Palais-Royal et des Bouffes-Parisiens augmente ou diminue, mais il est permis de penser que le nombre de ceux qui veutent écouter une tragédie de Shakespeare ou u.n drame de Strindberg s'est accru. Le jour où, dans cent cinquJV-'îe mille cerveaux l'audition des plus nobles œuvres du répertoire national ou étranger siéra devenue une exigence aussi peu raisonnée, aussi naturelle que la lecture des journaux, la santé intellectuelle du public parisien et la vie de l'art dramatique seront Préservées....