Extrait du journal

Paul Dujarric était leur doyen. Savant incapable d'intrigue, voué à son seul travail, qui ne lui avait encore valu, bien qu'il fût proche de la cinquantaine, ni prix, ni ruban, éloigné par une ferveur hautaine, à la modestie naturelle, de toutes les académies et de toutes les sociétés, il préparait depuis sa vingt-cinquième année une histoire des rites funèbres du genre humain. En manuscrit, elle avait déjà six volumes; il mettait le coup de plume définitif au septième et dernier. Petit et trapu, presque cubique, les cheveux courts -collés, la barbe ronde coupée très près de la peau pâle, qui accompagnait cet ensemble blanc où étincelaient deux magnifiques et grands yeux noirs, il apparaissait perpétuellement enveloppé de la fumée quhsoiftait de ses pipes de maïs au fourneau jaune ; il en avait toujours plusieurs dans ses poches; chez lui elles emplissaient le bol persan violet devant lequel semblait monter la garde, au centre de son immense bureau écrasé de livres et de paperasses, un grand pot à tabac d'autrefois, de faïence pansue à lettres bleues sous son chapeau de cuivre....