Extrait du journal

Julian était alors un gros homme pale, avec un accent marseillais que vingt ans de Paris n'avaient pu effacer complètement, une barbiche noire en pointe et un regard malin, bonhomme. Les élèves se racontaient qu'il avait eu jadis des succès d'amateur dans les baraques de foire et l'appelaient « le lutteur masqué ». Il appartenait à une famille de cultivateurs du Midi. Très homme d'affaires, très débrouillard, peintre de second ordre, mais bon guide, avec du jugement et de la dignité, représentant « la majorité bien pensante », devait dire plus tard de lui Marie Bashkirtseff, il ffvait organisé ces ateliers vite florissants, pour hommes, pour femmes ensuite, dont la vogue a survécu à leur fondateur. Julian s'était, en 1870, adjoint comme professeur Tory RobertFleury, qui venait d'obtenir au Salon la médaille d'honneur avec le Dernier jour de Corinthe. Très bon maître, très beau, très brun, très froid, de haute taille, ses quarante ans de 1877 en paraissaient trente-ciruq à peine, et toutes ses élèves étaient amoureuses de sa belile tête fatiguée....