Extrait du journal

Lorsque je dis que la France était, en juillet 1926, au bord de l'abîme, je n'exagère pas. Durant les hostilités, elle avait eu à supporter des charges écrasantes auxquelles elle n'avait pu faire face qu'au prix de lourds emprunts. Sa dette avait augmenté dans des proportions énormes et le traité de paix ne lui avait donné ni le droit ni le moyen de récupérer ses dépenses militaires. On lui avait seulement promis la réparation des dommages causés par l'ennemi aux biens et aux personnes. Cette promesse, solennellement faite, ne fut jamais - remplie. Jamais on n'a payé un centime pour des dommages aux personnes et la France a dû payer, seule, la totalité des pensions et des secours aux orphelins, aux veuves et aux mutilés. Pour ce qui est des biens, des années ont passé sans que l'Allemagne commençât à effectuer des payements. Elle ne s'est décidée à le faire qu'après le plan Dawes, et les sommes remises sont loin d'assurer à la France une indemnité équivalente à ses pertes. C'est ainsi donc que notre pays envahi s'est vu obligé, non seulement, de faire l'avance, mais dd payer en grande partie les frais des réparations, et, naturellement, il ne put ajuster des dépenses aussi formidables aux recettes' normales des années d'après-guerre. Il eut besoin d'avoir recours de nouveau aux emprunts à court et à long terme, de telle façon que la dette française, perpétuelle et flottante, crût rapidement, dans des proportions effrayantes....