Extrait du journal

Les ballets russes nous ont révélé, nous révéleront encore des œuvres. Il ne s'agit ici que d'applaudir une virtuose. Mais cette virtuose joint à une technique accomplie le sentiment le plus délicat, le plus touchant et le plus pur. Ou plutôt c'est sa technique qui devient émouvante par sa perfection même. Pareille à la chanteuse exercée dont les vocalises sans aucun artifice d'expression tracent dans l'air les courbes de la joie, de la tendresse ou de la mélancolie, ainsi Mme Anna Pavlowa n'a besoin de nulle mimique pour traduire à nos yeux les mouvements de l'âme. Les pas et les gestes de la danse lui suffisent, comme les notes au musicien. Les joies qu'elle nous donne sont celles de l'art le plus élevé, le plus désintéressé, le plus spi-...