Extrait du journal

En outre, dans un temps comme le nôtre où l'on ne croit plus à grand'chose, on met une foi étrange dans la jeunesse. Une superstition assez folle au fond prête une auréole à ses émissaires. Il semble qu'avec eux tout va se purifier, ils opéreront les changements désirables et rempliront le monde de prodiges inouïs. Les générations forcément sont grosses d'avenir, mais peutêtre a-t-on tout de même tort de préjuger de leur sort sur des symptômes. Les hommes sont errants et mobiles dans leurs idées et-bien peu d'entre eux passent leur vie à mettre en œuvre la rêverie de leur jeunesse. Il y a ainsi beaucoup de chances pour que, dans nos paroles de la vingtième année, on ne puisse rien voir de certain. Seules de très puissantes personnalités sont capables d'établir leur, âme sur un plan ferme. Mais enfin l'inquiétude des vieilles générations s'éveille, en dépit de l'évidence, devant les jeunes. On épie le bruit de pas de ceux qui arrivent. On consulte la Pythie dans les phrases qu'ils profèrent et leurs regards même apparaissent pleins de signes que les sages du temps s'efforcent de traduire. J'ai pu éprouver sur moi-même cette religion....