Extrait du journal

Messieurs, ) imagine que vous avez tous présent à l'esprit l'admirable discours de Banville. C'est pour la forme, l'émotion, l'extraordinaire prescience un morceau qui comptera dans son œuvre à l'égal de ses plus beaux poèmes. Quand, le lendemain, le vieux poète Emile Deschamps en eût reçu le texte, il écrivit simplement à Poulet-Malassis d'une main que l'âge avait rendue tourte tremblante: « J'ai lu le discours de notre cher grand Banville. J'ai pleuré! » Si je n'écoutais que mon goût personnel au lieu de mes promesses, je me contenterais de vous lire ces pages incomparables, qui constituent à elles seules le credo baudelairien le plus pénétrant, le plus complet qui ait jamais été écrit. Forcé d'y ohoisk. j'en revendrai ces lignes prophétiques et auxquelles l'avenir devait apporter une si décisive confirmation: « L'auteur des Fleurs du Mal, disait Banville, est non pas un poète de talent mais un poète de génie, et d.e jour en jour on verra mieux quelle grande place tient dans notre époque tourmentée et sOUiffrante, son oeuvre essentiellement française, essentiellement originale, essentiellement nouvelle. Quand Charles Baudela-ire commença à faire connaître ses poèmes, on vit avec étonnement qu'il apportait un vers., une poésie à lui, où ni Hugo, ni Musset, ni Lamartine n'avaient rien à réclamer. Un poète original 6tait né, et soit qu'on voulût l'aimer ou le haïr, il fallait en prendre son parti. »...