Extrait du journal

que ce sujet d'Iphigénie, fortifié par la musique expressive de Gluck? Quoi de plus conventionnel et de plus ennuyeux — il faut bien le dire — que ce même drame privé de tout accent et de tout sentiment expressif, tel que vient de nous le présenter l'Opéra-Comique? La musique de Gluck vit et se meut aussi bien — mieux quelquefois — que celle de nos compositeurs modernes, il ne s'agit que de lui conserver cette chaleur vitale, de lui communiquer ce mouvement; pourquoi donc faire délibérément de ces opéras une succession de marches funèbres? Il commence à être temps de couper court à cette tradition erronée, je dirai presque criminelle, puisqu'elle ne tend à rien moins qu'à tuer des chefs-d'œuvre. Il faut bien se mettre dans la tête que, dans tout l'œuvre de Gluck, il n'y a, pour ainsi dire, pas un récitatif; pas un aÍr qui doive être dit et chanté en mesure; la musique étant tenue de suivre et de serrer étroitement le sens des paroles, il s'ensuit que le mouvement doit être accéléré ou ralenti tout le temps suivant les exigences du drame. Il suffit de comprendre la direction de la ligne mélodique, aussi bien dans les airs que dans les récits, et dans les chœurs même, pour être convaincu de la légitimité des désirs du compositeur à cet égard; il n'y a pas, il ne peut pas y avoir, dans les airs dramatiques .de Gluck, trois mesures qui gardent le même mouvement; parfois même, on rencontre deux ou trois, mouvements. différents dans, une seule mesure....