Extrait du journal

C'est un de ces matins que les Anglais saluent du nom aimable de « glorious day » ; un air léger charrie jusqu'à nous le parfum des orangers qui couvrent la plaine. Le ciel et l'eau demeurent du même bleu extraordinairement pur. Ma première impression n'est pas précisément favorable. Après ces champs verdoyants, ces prairies, riantes, que nous venons de quitter, la ville m'apparaît. sordide avec ses maisons menaçant ruine, ses rues sales, ses cafés arabes ou pour rien au monde, on ne souhaiterait s'asseoir. Des immondices se voient un peu partout au bord des ruisseaux; un liquide jaunâtre croupit sur la chaussée. Et de toute ma volonté j'appelle les souvenirs à mon aide. C'est pourtant ce rivage aimé des dieux qui fut le théâtre des plus belles légendes de l'antiquité. Ici, les Grecs plaçaient la fontaine où Persée vint laver le sang du monstre qu'il venait de transpercer de sa lance, à quelques pas, se trouvait le rocher qui. vers le Ive siècle au dire de Saint Jérôme montrait encore l'anneau auquel Andromède était attachée. C'est sur cette plage si peu accueillante, que furent débarqués les cèdres rapportés par Hiram pour le temple du roi Salomon. Au moyen âge. Jaffa vit passer les vaisseaux des chevaliers et ses places furent occupées par les compagnons de Saint Louis. On rn'indiaue l'emplacement de la maison où la reine Marguerite mit au monde la petite princesse Blanche, ainsi nommée en mémoire de la reine-mère Blanche de Castille, dont on venait d'apprendre la mort. Et....