Extrait du journal

Croyez-vous que, depuis le 24 février, la France n’ait pas eu assez d’agitations, que le travail n’ait pas été assez longtemps suspendu, que l’agriculture et l’industrie n’aient pas assez souffert? Croyez-vous que ce soit un malheur national . nue le 16 avril ne nous ait pas donné la dictature de BlanLi, ou le 15 mai la dictature de Barbés, ou le 24 juin la l Ic.iature de l’anarchie? Si vous le croyez, il n’y a, évidemment, pas pour vous deux politiques à suivre; il n’y en a qu’une, et des plus simples : puisqu’on n’a pas assez agité le pays, l’agiter encore; puisqu'il n’est pas assez inquiet, augmenter ses inquiétudes; et, pour cela, crier que le peuple est esclave, que jamais on ne reconnut moins les droits du peuple, que jamais le peuple ne prit une moindre part d’élection dans la politique ; criera secours de la démocratie, fn la disant près de se mourir, invoquer les ombres sanglantes de Robespierre et de Marat, et menacer le monde du revend de toutes leurs fureurs; jeter sans cesse,* ici et là, de proche en proche, partout où il y a quelque masse à ébranler, quelque tourbe à mettre en feu, tous les souilles incendiaires des passions mauvaises ; semer au nom de la félicité publique la défiance qui mine les intérêts de tous, paralyser le travail au nom des travailleurs, diviser la grande famille française en deux camps ennemis et les pousser l’un contre l’autre, au nom de la fraternité, voilà tout le plan de cette sainte politique, de cette politique de vérité et d’amour....