Extrait du journal

Nous sommes d’autant plus autorisés à faire ces réflexions, que nous entendons que les gouvernements se défendent, et que nous n’avons jamais montré une grande sensiblerie à l’égard des gens qui conspirent contre l’Etat, ou qui méditent de ténébreux projets contre les constitutions ou contre les intérêts du pays. ^Maintenant, M. Fournier a-t-il commis une de ces criminelles indiscrétions qui livrent le sort d’une armée à l’ennemi, ou éventé un de ces plans dont les mystérieuses combinaisons devaient confondre tous les calculs? Hélas ! M. Fournier a fait hier ce qu’il n’a cessé de faire depuis le commencement de la guerre, il a fait le général. Il a cédé à cet entraînement de beaucoup d’écrivains et de beaucoup de causeurs, de faire manouvrier nos armées de façon à les conduire sûrement à la victoire. Qui de nous n’assiste tous les jours à peu près, à ce spectacle de quelque stratégiste amateur, plaçant 30,000 hommes par-ci, 25,000 par-là, appuyant son aile droite ici, son aile gauche là, échelonnant son centre dans une position formidable et forçant l’ennemi à se faire écraser jusqu’au dernier ou à se rendre?...