Extrait du journal

et prit ses dispositions pour quitter le navire vers le milieu de la nuit. Il ne pouvait pas penser à détacher la chaloupe ou même le grand canot. Outre que la manœuvre nécessaire pour les mettre à l’eau ne pouvait être exécutée par un seul homme, elle aurait infailliblement attiré l’attention. Robert devait se contenter d’une em barcation suspendue à l’arrière, très pe tite et en mauvais état. C’était sur ce chétif canot qu’il lui fallait tenter avec George une traversée dont il ne pouvait prévoir au juste la durée. Il avait préparé dans sa cabine quel ques vivres, des vêtements et une bous sole. Il n’avait plus qu’à attendre l’heure favorable et à prévenir son fils. George ne soupçonnait pas son pro jet ; mais Robert était sûr qu’il obéirait sans le questionner, et qu’il le suivrait aveuglément. Avant de tenter cette dernière lutte contre la fatalité, il voulut se recueillir, et il alla s’accouder sur le bastingage, la tête penchée sur le sillage du navire et les genoux appuyés sur un tas de cor dages roulés. . « La lune était alors à son premier quartier, et sa lumière argentait la crête des longues lames soulevées par lahoule. Absorbé dans ses réflexions, Robert contemplait cet imposant tableau, et sa...