Extrait du journal

LA DÉCLARATION ' ' MINISTÉRIELLE La déclaration ministérielle, qui a été lue à la Chambre par M. Clémenceau et au Sénat par M. Guyot-Dessaigne, est telle que la faisait concevoir les nom breuses délibérations prises en Conseil de cabinet depuis la constitution du mi nistère. Elle nous laisse ignorer en quoi con sistera « l’application intégrale » de la loi de séparation. Par contre, elle porte des indications précises concernant la réforme de l’im pôt. On va tenter l’expérience la plus dangereuse à l’héure où de graves em barras financiers devraient nous faire tenir au vieux système qui permet de calculer à quelques milliers de francs près le chiffre des recettes. Le rachat des chemins de fer est une autre réforme dont les effets peuvent être désastreux ; l’urgence s’en fait-elle bien sentir ? N’est elle pas, comme la réforme des conseils de guerre, un gage donné aux partis avancés pour s’attacher leur bienveillance ? Sur d’autres points, et notamment lorsqu’elle dit vouloir garantir la liberté individuelle, la déclaration doit être applaudie. Il s’agit seulement de savoir ce que, dans l’application, seront ces belles promesses. Voici le texte de la déclaration : Le gouvernement qui se présente de vant voue n’est point issu d’une crise par lementaire. L’état de santé de notre éminent collègue, M. Sarrien, l’ayant mis, au grand regret de tous, dans l’obligation de prendre un repos prolongé, M. le pré sident de ta République nous a confié la charge de former un nouveau cabinet. En l’absence de tout dissentiment entre la majorité et le ministère qui vient de ré signer ses pouvoirs, une seule indication s’offrait à nos esprits, c’est que le pays, récemment consulté, avait fait connaître sa volonté d’accentuer, d’activer l’œuvre de réformation. La politique extérieure Par cela même qu’elle est conforme à ce mandat, notre politique extérieure vous est connue d’avance, car le pays n’a pas plus varié dans sa volonté de maintenir la paix — une paix de dignité — que dans sa persistante revendication du droit ré publicain Nous le constatons avec orgueil, depuis 35 ans que la République est fon dée, il n’est pas un moment de son his toire où l’on ait pu l’accuser sincèrement de menacer la paix européenne. Nous sau rons faire que nofc intentions à cet égard ne paissent être méconnues et, déjà, nous •n offrons pour gages, avec les idées mê mes qui sont an gouvernement notre rai son d’être, les conditions de tranquillité . générale requises pour les mettre en voie .de réalisation. En même temps nous faut il accepter les conditions d’équilibre international que l’état actuel de l’Europe impose à tous les peuples. Quand la paix dn monde civilisé se fonde sur la force des armes, comment...