Extrait du journal

Versailles. 5 juin. L'abrogation des lois d’exil contre les Bourbons et la validation de l’élection des princes d’Orléans, qui venaient à l’ordre du jour de l’Assemblée, ont été ajournées à jeudi sur la demandede M. Thiers. La Chambre a accordé ce sursis mais elle se montre impatiente d'en finir avec ces questions. Plusieurs lois, M. Thiers a éludé la question de l’élection des prin ces d’Orléans. On a patienté jusqu’à pré sent, mais aujourd’hui on veut franche ment l’aborder. Or cette question prend chaque jour des proportions qu’elle n’au rait pas eues plus tôt. On trouve là pré texte à soulever la question de gouverne ment, et l’on prête au chef du pouvoir l’intention de vouloir s’y cramponner. Les députés de la droite dissimulent mal leur mécontentement. Par contre, la gau che appuie M. Thiers. Elle se rappelle son serment par lequel il s’est engagé à main tenir la forme républicaine tant qu’il se rait au pouvoir : elle compte qu’il tiendra parole. La proposition, ayant pour objet de proroger les pouvoirs de M. Thiers, de vait être déposée samedi, mais celui-ci, dit-on, aurait opposé un veto formel, en apprenant le vote unanime des bureaux en faveur de l’abrogation des lois de pros cription. On assure aujourd’hui que M. Thiers accepterait la validation de l’élection des princes d’Orléans, à la condition expresse que la Chambre lui confirmerait ses pou voirs pour deux ans, et Von annonce qu’une proposition tendant à ce but sera très prochainement déposée. Versailles, 6 juin, matin. On dénient, dans les cercles parlemen taires, l’assertion des journaux que la proposition de proroger les pouvoirs de M. Thiers soit ajournée à cause des né gociations engagées avec les princes d’Orléans auxquels on aurait demandé une promesse de démission si leur élection était validée. La gauche et le centre persistent à pro poser la prorogation des pouvoir* de M. Thiers pour deux ans. La date des élections complémentaires n'est pas encore fixée. Cet ajournement provient sans doute de ce que Paris ayant des élections à faire il convient, avant de convoquer les électeurs, d’attendre que le calme le plus parfait ait succédé aux agitations et aux désordres des deux der niers mois. L’Emprunt va être émis sous peu de jours. C’est la maison de Rothschild, appuyée par un syndicat composé des puissances financières des deux continents, qui a les plus grandes chances de traiter avec le gouvernement français. Il y a huit ou dix combinaisons en présence. On ignore en core sous quelle forme l’opération sera offerte au public ; on est indécis entre du 5 0/0 et des obligations cinquantenaires. D’après mes renseignements particuliers, il est probable qu’on émettra des rentes et non des titres amortissables annuelle ment, comme quelques journaux l’assu raient encore hier. L’Emprunt sera de 2 milliards, et demi,...