Extrait du journal

« leurs affaires sans qu’il fût besoin de « leur inspirer une direction ». L’impression produite par ce congrès dans la presse du pays montre bien d’au tre part quelles étaient ses tendances. Les organes modérés reconnaissent la sagesse du parti ouvrier et le félicitent de sa tenue. Le Pays, journal de M. de Cassagnac, déclare que, dans ce congrès, « les cho« ses se passent fort convenablement « entre gens qui discutent paisiblement « leurs intérêts et sont animés d’inten« lions pratiques te pacifiques ». La Défense, journal conservateur, constate : « Tout ce monde, je vous l’as« sure, avait digne tenue et grand air ; « on se sentait au milieu de bons, bra« ves et honnêtes gens ». Les socialistes anglais, au contraire, leur reprochent, véhémentement leurs ges tes calmes et leurs idées modérées: «Pour « nous, commun eux, — déclare un ma« nifeste blanquiste publié à Londres,— « nous n’avons qu’à nous féliciter que « ces hommes aient ainsi produit au « grand jour leurs idées réactionnaires. « Par là-même, ils ont cessé d’être un « danger. Ils pourront trouver quelques « complices ; ils ne trouveront ni du ce pes, ni partisans dans ce prolétariat « qu’ils voudraient arracher à la Révo« lut ion pour l’égarer à leur suite dans « le labyrinthe de leurs vaines réformes « et de leurs intrigues ». A l’heure de son cinquantenaire, il convenait de rappeler ce premier con jurés du socialisme français. D’abord par ce que c’est un grand événement, étape importante d’un mouvement social de première grandeur. Ensuite, pour marquer quel chemin a fait le socia lisme en cinquante ans. Il y a cinquante ans, le premier con grès socialiste demandait, des réformes. Ce parti prêche aujourd’hui la révolu tion. Il y a cinquante ans. les ouvriers ré clamaient, une juste amélioration de leur soit, ils sont aujourd’hui collectivistes et demandent la suppression de la propriété individuelle. L’évolution est instructive et fait voir qu’il ne faut pas jouer avec le socialisme plus qu’avec le feu. On risque trop de se brûler. Du parti S. F. I. O. an parti commu niste, il y a moins loin que du congrès de 1876 aux assemblées annuelles du parti socialiste unifié. Des socialistes aux communistes le chemin aujourd’hui paraît bien court. Il ne faudra pas cinquante ans pour ’e parcourir. Et que trouvera-t-on au bout ? Pierre LÉOX-GAl TIÏIER....