Extrait du journal

Bolo a parlé COUP DE THEATRE INATTENDU Bolo a parlé. Bolo, qui devait être exécuté lundi ma tin, bénéficie d'un sursis. Ce fut un coup de théâtre, et un coup de théâtre si soudain, si en dehors de tou tes prévisions, qu'il a dû surprendre tout le monde, même les soldats du peloton d'exécution, déjà commandé, même les journalistes qui, sur les renseignements de la nuit, avaient préparé « l'article à faire »et se disposaient, selon l’usage, à consigner scrupuleusement les dernières paroles du condamné, sa dernière attitu de. Que s'est-il donc passé entre dimanche soir et hier matin ? On remarquera que c’est dimanche, à 6 h. i du soir, que Me Albert Salle, l’émi nent défenseur de Bolo,obtint de son client l’autorisation d’informer la justice mili taire qu’il avait à faire d'importantes dé clarations. Cela résulte du communiqué officiel qui a été transmis à la presse dans l’après-midi de lundi et que nous avons reproduit dans notre dernière heure é’hier. Or, M« Albert Salle venait de quitter le président de la République, à qui il avait présenté, comme on sait, avec sa chaude éloquence, le recours en grâce du con damné, puis il était retourné à la prison de la Santé. Personne ne pourrait rapporter la con versation qui eut lieu alors entre Bolo et son défenseur. Mais on peut supposer que M® Salle a fait appel aux sentiments religieux de son client. Bolo a été élevé très religieusement. Mais il est permis de supposer aussi que l’idée de justice et de devoir social avait reparu dans la conscience de cet homme, comme on peut admettre également que l’idée lui est venue de jouer un grand rô le : celui qui naît du remords, celui de de venir l’auxiliaire de cette justice qui l’a vait condamné. Nous savons qu’il eut ces jours derniers de longs entretiens avec le respectacle au mônier de la prison. Pour la première fois, il avait demandé à communier le jour de Pâques... Bolo répétait volontiers : — Pour un condcamné à mort qui a peur de la mort, l'idée de cet inexorable doit le hanter comme un cauchemar. Moi, je n’ai...