Extrait du journal

— Comprenez-vous maintenant mon épouvante en vous voyant entrer? — Oui, oui, dit Robert en se levant, le terrain est brûlant ici, et j’ai hâte de le quitter. — Mais pourquoi venir quand la plus simple prudence devrait vous engager à éviter ce quartier, cette rue et surtout cette maison ? — Oui, pourquoi suis-je venu ? mur mura Robert dont cette secousse avait profondément troublé les idées. Il reprit, après un moment de ré flexion : — Je me rappelle. Ecoutez, je vous ai dit que je voulais tenter quelque chose, quelque chose de hardi, de désespéré,qui peut hâter la catastrophe dont nous som mes menacés, mais qui doit nous sauver si je réussis. Dans ce dernier cas, je vous fais parvenir un mot par la poste ou par un commissionnaire ; dans le premier, c’est-à-dire si j’échoue, je n’aurai que le temps de filer et vous de même. Or, si après-demain, avant minuit, vous n’avez aucunes nouvelles de moi, partez, il no sera que temps. , — Mais, s’écria Pierre très-ému, je trouve fort étrange que vous vous fassiez ainsi l’arbitre de mon sort sans me con sulter, sans me soumettre un projet qui... — Qui vous effrayerait et que vous repousseriez, c est pourquoi j’ai résolu de le mettre à exécution sans vous le faire...