Extrait du journal

La ruée germanique est main tenant arrivée sur les glacis de notre défense. La bataille de la Meuse commence. A cette attaque qu'il prévoyait depuis octobre, pour laquelle ie se préparait depuis octobre, le commandement français va maintenant opposer sa réplique; sa réplique sera, nous n'en dou tons pas, la plus efficace qu'on puisse lui opposer. La bataille sera dure, certes ; mais sa dureté nous commande seulement de tendre davantage nos énergies et notre volonté. Bien des imprudences se payent aujourd'hui ; les Hollandais ont payé de l'abandon d'une partie de leur patrie l'illusion qu'ils ont trop longtemps entretenue de pouvoir rester neutres devant une nation en face de laquelle ie n'est pas de neutralité pos sible. Mais les imprudences qui se payent ne sauraient entamer notre confiance. La bataille sera dure parce que l’ennemi que nous avons devant nous s’y jette avec son audace de barbare, avec la conscience qu'il joue son va-tout. Nous la gagnerons perce que nous sommes prêts, parce qu'à la sauvagerie nous saurons opposer la fermeté de nos cœurs, parce que nous tien drons les derniers ; parce que, avec tous les peuples civilisés, nous avons cette conviction que M. Cordell Hull exprimait que le droit et la morale ne peuvent pas ne pas triompher du déchaî nement de la barbarie, de l'anar chie et du chaos....