Extrait du journal
Le hasard m’a fait rencontrer, hier, M. Lapoire, dont j’ai déjà eu l’honneur > de vous entretenir, la semaine dernière. Il allait passer, en feignant de ne pas me voir1, lorsque je l’arrêtai, en lui souhaitant le bonjour. — Ah ! fit-il, vous voulez encore me faire bavarder, pour mettre « sur » le journal ce que je vous exprime entre nous. • — Comment, M. Lapoire, vous me garderiez donc rancune d’avoir trans mis à nos lecteurs, vos réflexions de • poids, sur des questions qui n’ont rien de confidentiel ? Vous devriez être heu reux, au contraire, que je vous procure l’occasion de propager les idées qui .voua sont chères. — Vous avez peut-être raison. Mais, en ce moment surtout, je ne cherche j pus à me mettre en avant. Il y a des | heures où l’on ne se trouve bien que | dans le recueillement. — Je vous comprends, M. Lapoire. Vous désirez avoir le temps de remettre vos idées à la mode du jour... L’homme absurde est celui qui ne change jamais. — Oui, on l’a dit, pour excuser ceux qui < Langent toujours. Il ne faut pas se laisser prendre à ces formules-là. Mais, diles-moi donc, M. Lapoire, ce que vous pensez de la guerre ? — Eh bien, je pense qu’elle dure bien longtemps, et nous commençons à en avoir assez. — Nous en avons tous trop. Seule ment, le vin est tiré, le mauvais vin que vous nous avez versé, M. Lapoire, et il faut le boire jusqu’à la lie. Il y a bien vingt-cinq ans, pour le moins, que nous vous crions casse-cou. Vous ne vouliez pas nous entendre, et pendant que vous faisiez la guerre aux curés, EAllemagne préparait, contre nous, la guerre d’invasion. *' * — Un ne & serait jamais douté de cela. — Ce ne sont pourtant pas les aver tissements qui ont fait défaut. Avezvous lu le Livre Jaune, M. Lapoire ? — Non. Eh bien, achetez-îe, ça coûte dix fous, et vous pourrez le méditer. Vous y verrez ce que disaient au gouvernenu*. ;t nos représentants en Allemagne, a*ors qu’on perdait un temps précieux vaincs discussions sur le service de Xrf>is ans. - - On ne savait pas tout ça. — Mais si, on le savait ; mais on n'en voulait pas tenir compte. On n’a jamais voulu comprendre que lorsqu’on a des voisins comme les Boches, il faut tenir ses portes bien fermées et sa pou dre sèche. 1/imprévoyance des vôtres leur a permis d’entrer chez nous. Il faut, les en chasser à présent, et ce n’est pas facile. -- C’est bien long ! » fit M. La poire. avec un soupir caverneux. — Certes, c’est long. Et cela vous prouve qu’il est plus sage de prévenir que de guérir. Mais, au lieu de vous plaindre, frappez-vous donc la poitrine } en reconnaissant vos fautes. Est-ce que nous nous plaignons, nous, qui avions tout prévu, tout deviné, et qui l’avons...
À propos
Lancé sous le titre Le Drapeau tricolore en 1832, ce journal de Chalon-sur-Saône devient le Courrier de Saône-et-Loire en 1840. En 1921, il absorbe le Journal de Saône-et-Loire et l'intègre à son nom en 1947 pour donner Le Courrier, Le Journal de Saône-et-Loire. Depuis 2000, le titre est publié à nouveau sous le nom Journal de Saône-et-Loire.
En savoir plus Données de classification - lapoire
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