Extrait du journal

XII UNE VISITE INATTENDUE Il l’ouvrit sans précaution, mais les ferrures en avaient été posées tout récem ment, de sorte que la porte tourna sur ses gonds sans produire le moindre bruit, de même que l’épais tapis de Smyrne qui re couvrait le parquet amortit le bruit des pas d’Adrien. Assurément il ne cherchait à surprendre aucun secret. Il allait s’avancer, lorsqu’il entendit Mme Durand prononcer son nom et celui de sa sœur. Instinctivement il s’arrêta. — Tiens I il est question de nous ! pensa-t il. Et il prêta l’oreille. — Mon Dieu ! madame, continua Mme Durand, nous autres femmes du commun, ainsi qu’on bous appelle, nous n’y allons pas par trente-six chemins avec notre gros bon sens. Quand je vous dis que vous créez à ces enfants une situation dé licate. vous allez voir que j’ai raison. Voilà deux jeunes gens, deux martyrs, devrais je dire, qui, depuis quinze ans, ont renoncé à leur titre et à leur nom de Morainville, qui ont dit à tout le monde que leur mère était morte, que leur père...