Extrait du journal

Le procès intenté aux auteurs de la ma nifestation Baudin s’est terminé par la con damnation des prévenus, poursuivis, comme on sait, sous inculpation de manœuvres à l’intérieur dans le but de troubler la paix publique et d’exciter à la haine et au mé pris du gouvernement. C’est en vain que l’on a essayé de donner h cette manifestation le caractère d’une ad miration platonique pour la conduite du re présentant Baudin Sur la tombe de ce der nier, on a prononcé des discours qui se sont terminés par le cri de : « Vive la Ré publique. » On s’y donne rendez vous pour le 3 décembre. Un des auteurs de la ma nifestation s’écrie : « ...Que sa vie (la vie de Baudin), nous serve d’exemple, et qu’au moment du combat son nom nous serve de stimulant !... » A quoi répondent quelques voix : « Ce ne sera pas long ! Ça ne passera pas 1868 ! Ça ne passera pas 18(59! «Aussi, M. l’avocat impérial Aulois nous semblet-il avoir sainement apprécié les faits quand il a dit : «... Pour ne parler d’abord que des scènes dont la sépulture de Baudin a été témoin, qui croira qu’elles aient etc l’ex pression unique d’une admiration entière ment pure des passions et des haines d’icibas? On ne trompe personne sur la nature de ecs hommages intermittents, qui suivent les variations des événements politiques et que tout le inonde sait bien avoir moins pour objet d’honorcr les morts que de taquiner et de troubler les vivants. » Pendant quinze ans, vous êtes passes indifférents et oublieux sur cette tombe ; puis, un jour, vous y venez en foule, parce qu’il a paru opportun d’agiter devant ceux qui survivent le souvenir de celui qui n’est plus ; vous y prononcez des discours violents, vous y outragez les représentants de l’autorité, vous excitez à la lutte, vous menacez de vengeances prochaines, et tout cela, dites-vous pour honorer Baudin !... Allons donc! parlons en toute sincérité de cœur. En donnant à Baudin ce rôle pos thume et cette importance d’outre tombe, je vais vous dire ce que vous faites : vous exhumez un cadavre et vous le promenez, ici d’abord, par tout le pays ensuite, encore sanglant et troué par les balles, pour que sa vue appelle sur ceux qui ont causé sa mort les malédictions publiques et mette au peuple les armes à la main ! » La souscription est la suite de cette exhibition sinistre et séditieuse. Elle est autre chose aussi : clic est un moyen offert à tous ceux qui baissent encore de se re trouver, de se compter, de s’associer... » En premier lieu, je demanderai aux prévenus si leurs manœuvres, en supposant qu’elles n’atteignent pas le gouvernement impérial, n’ont pas toujours pour but évident de troubler la paix publique. » Et quelques instants après, l’orgaue du ministère publie disait encore : «... N’cst-il pas tout aussi évident que le but des prévenus est de se faire du 2 dé cembre et de la mort de Baudin une arme pour frapper le gouvernement de l'Empereur et appeler sur lui la haine et le mépris? » Qui contestera la justesse de ces appré ciations ? On a déjà vu comment la souscription Baudin était jugée par les journaux les plus importants. M. de Girardin la désapprou ve. Le Journal des Débats et l’Opinion Nationale ne s’y associent point. Voici en...