Extrait du journal

CORRESPONDANCES Paris, 18 novembre. Le Message de M. Thiers continue de défrayer les colonnes des journaux. Ceuxci sont enthousiastes, ceux-là satisfaits, d’autres sont mécontents. Pour moi je voudrais y applaudir sans réserve, mais je ne puis oublier qu’au delà du tableau flatteur et flatté que M. Thiers fait de notre situation présente, il y a un lendemain incertain et sombre. En vain, le chef du pouvoir essaie de flous persuader que la République dont il veut est conservatrice, on se souvient, malgré soi, que ce n’est point dans notre pays, l’habitude de la République de rien conserver, pas plus elle-même que l'or dre et la tranquillité.Déjà les républicains de la nuance la plus voyante disent qu’un gouvernement affublé de cette honorable épithète n’est point à leur goût, et s’ils daignent l’admettre, c'est avec l’espoir qu'entrera derrière lui leur république à eux, dont la France a eu déjà quelques échantillons qui leur semblent admira bles, et que le pays doit trouver peu en gageant et peu rassurants. La République conservatrice, telle que la définit M. Thiers, soit ! mais à la condition qu’elle ne servira pas à intro duire la République radicale, qu’elle ne nous livrera pas aux hommes qui n’ont qu’indulgence et sympathie pour l’insur rection du 18 mars, que haine pour la majorité conservatrice et libérale. On sait comment les choses se tiennent ou se sui vent : république conservatrice, républi que radicale, commune. Peut-on laisser le pays à la merci des éléments de désordre, d’anarchie, de vio...