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Courrier de Saône-et-Loire, 17 octobre 1868

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Courrier de Saône-et-Loire
17 octobre 1868


Extrait du journal

De l'Esprit public en France dans ses rapports avec la Liberté. IL Qui ne s’est amusé des boutades démocra tiques de Figaro ? Nous avons tous pris plaisir à sa verve de tribun populaire, sans trop songer peut-être qu’elle préludait à une révolution sociale que la nuit du 4 août n’a pas interrompue, et qui a change d’objet en croissant toujours d’intensité. Des téméri tés de parole échappées à la liberté du théâtre, telle est, en effet, la première et timide manifestation de ce mouvement pro gressif qui, après avoir renversé l’ancien ordre de choses, continue d’entraîner la France dans les voies de l’égalité. Personne aujourd’hui ne sera tente de le méconnaî tre. On trouverait même difficilement quel qu’un qui refusât de s’en réjouir : tant il est vrai que la société française en a tiré à cer tains jours je ne sais quel sève inconnue et qu’elle incomparable grandeur! D’un autre côté, on ne peut nier que l’égalité n’y ait trop souvent revêtu la forme d’une passion envieuse, inquiète, menaçante, pleine de convoitises et de rancunes, grosse d’orages et de malheurs. De sorte qu’a considérer le singulier mélange de frree et d’anarchie, d’élévation et de basses, e, qui semble cons tituer en France son visible varnetère, on ne saurait assister à ses progrès indéfinis sans que les inquiétudes et parfois les angoisses tempèrent forcement une légitime satisfac tion. Quoi qu’il en soit, et s’il est vrai, que les dissensions sérieuses chez les peuples prennent leur source dans une vérité quel conque qui leur survit et qui prospère, on est presque oblige de reconnaître que l’éga lité a été le principe réel de la Révolution française, comme elle est encore l’objet véri table des aspirations et des réformes de notre temps. On s'en convaincra mieux encore et d’une autre manière, si l’on veut bien admet tre qu’entre les opinions dominantes d’une époque et sa littérature, il existe un intime commerce, un lien étroit, qui font qucccllcci est l’expression précise et sûre de tout ce que l’âme d’un siècle renferme de sentiments confus et de passions qui s’ignorent. Or, que le génie des lettres ait particulièrement cédé à l’ivresse de l’égalité, qu’en cela il ait etc l’organe tantôt sublime, tantôt mesquin et corrompu, du mouvement général des esprits et qu’il l’ait à la fols reproduit et excite, c’est le trait distinctif de cette gran de émancipation de l’art d’ccrirc qui précède et suscite nos premiers tumultes populaires, et dont l’influence, s’étendant bien [au de là des jours troubles de la Révolution, s’est continuée jusqu’à nous. A peine visible dans les lives de l'abbé Mably, et comme en seveli sous le poids des raisonnements d’un logicien et des lointaines réminiscences d’un érudit, dccrcdité par l’imagination épi curienne et parfois sinistre de Diderot, cet enthousiasme pour l'égalité qui fermente dans la société du XVIIIe siècle et dans ses écrivains, Rousseau l’anime enfin du souffle de son éloquence austère et passionnée. Parlerai-je du Discours sur l'inégalité et du Contrat social T On les connaît assez. Qu'il suffise de remarquer que les théories d’éga lité absolue, de nivellement illimité, dont ment, n’est-ce pas, mon ami ? Ce n’est pas seulement pour nous consoler que vous montrez une si grande confiance ? — Je puis vous donner une preuve de ma sincérité, répondit le jeune homme. Monsieur vous a dit probablement que j’a vais hérité. Cet argent doit m’être cher, car tout mon avenir est fondé sur sa conserva tion. Eh bien, madame, j’en ai employé une bonne partie à acheter quelques balles de café. Si la crainte de mon patron so réalisait, je serais presqu’à moitié ruiné par mon premier essai, il faut donc que j’aie une grande confiance dans la hausse des prix, puisque j’ose y exposer le bon heur de ma vie. Mme Verboord secoua affirmativement la tête -, Félicité applaudit aux paroles du jeune homme. — Maintenant, dit Raphaël en saluant, je demande la permission de retourner à mon bureau. Il vient beaucoup de monde, et, comme monsieur n’est pas à la maison, il faut recevoir les gens. Soyez certaine, madame, qu’il n'y a aucun danger réel, et ue vous pouvez attendre tranquillement es circonstances plus favorables. Il so retourna et fit quelques pas vers la porte ; mais la jeune fille courut à lui et dit d’une voix étouffée : — Oh 1 merci, merci, Raphaël, pour la bonne consolation que vous venez de don ner â ma mère ! Parlez-eo encore à mon père, et dites-lui qu’il n’a pas de raisons d’être inquiet. Votre parole douce et per suasive le délivrera de sa crainte, et moi, Raphaël, je n’oublierai jamais votre dé vouement et je vous serai toujours recon naissante. Le jeune homme frémit ; car Félicité,...

À propos

Lancé sous le titre Le Drapeau tricolore en 1832, ce journal de Chalon-sur-Saône devient le Courrier de Saône-et-Loire en 1840. En 1921, il absorbe le Journal de Saône-et-Loire et l'intègre à son nom en 1947 pour donner Le Courrier, Le Journal de Saône-et-Loire. Depuis 2000, le titre est publié à nouveau sous le nom Journal de Saône-et-Loire.

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