Extrait du journal

Où en est l’affaire St-Aubin ? Pour la deuxième fois mardi, M. Clémenceau a accusé le magistrat d’avoir favorisé la fraude, alors que M. Sarrien le nie. Nous avons le droit d’exiger que les ministres se mettent d’accord et qu’on nous dise la vérité. Le gouvernement se fait blanc comme l’innocence ; mais tant qu’il n’aura pas donné les preuves de son honnêteté, il sera permis de la mettre en doute. Et d’ailleurs, même s’il était démontré que les ministres n’ont jamais cédé à des sol licitations coupables, il resterait vrai que des parlementaires influents s’entremet tent entre lui et les fraudeurs, pour ob tenir des grâces, sans que, depuis que dure le scandale, une majorité se soit trouvée à la Chambre pour protester contre ces procédés indignes de la Ré publique. Il n’y a pas de situation plus digne d’intérêt que celle des malheureux vi gnerons de France, et le Courrier s’est fait un devoir, chaque fois que l’occasion lui en a été donnée, de soutenir leurs légitimes revendications. Que deman dent-ils ? Qu’on les protège contre des in dividus qui écoulent, aux lieu et place du vin, des mixtures sans nom, ruinant d’une part les producteurs honnêtes et, d’autre part, empoisonnant leurs conci toyens. Ces malfaiteurs prétendent que leurs piquettes sont inoffensives. C’est possible, mais cela n’empêche pas que celui qui vend pour du vin de l’eau su crée et colorée est ce qu’on appelle vul gairement une canaille. Eh bien ! ces canailles là ont trouvé, dans ce pays, des députés pour les couvrir et les dé fendre. C’est une honte ! Comment se fait il que le Parlement n'ait pas été capable de l’effort nécessai re pour mettre ordre à ce déplorable état de choses. Cela est-il donc si difficile ? Pour éviter la fraude, il n’y a pas, dit-on, de moyens absolument efficaces. Il faudrait, pour l’affirmer, avoir d’abord cherché avec la ferme volonté d’aboutir. Or,on n’a pas cherché,et la faute en est un peu, pour ne pas dire beaucoup, à ceux qui se plaignent, aux viticulteurs, aux agriculteurs qui souffrent et ne veu...