Extrait du journal

La déclaration ministérielle devant les Chambres était vivement attendue. On la lira plus loin. Ce document ne compromet pas beaucoup le cabinet : elle constate son désir d’écarter les questions irritantes, et sa resolution d'entrer dans une ère définitive d’apai sement et de travail. Tout cela est fort bien, mais c’est bien vague, et nous avons entendu chanter la même gamme depuis trois mois, sans qu’aucun acte soit venu confirmer les paroles. Il n’y a qu’à lire, d’ailleurs, la façon dont les républicains ont accueilli la proposition de révision présentée, hier, à la Chambre, par M. Maujan, pour voir quelles sont les idées conciliatri ces de la majorité. Il est certain qu’au scrutin d’octobre, le suffrage universel a montré qu’il veut la paix, qu’il aspire après une trêve à ces luttes oiseuses de partis, qui paralysent le pays. Mais quant à avoir signifié qu'il veut la République à per pétuité, c’est peut-être là une assertion un peu fantaisiste. Nous relèverons un dernier mot de cette déclaration ministérielle : « Le gouvernement, a dit M. Tirard, croit avoir mené à bonne fin la tâche qui lui avait été confiée avant la solen nelle consultation du pays.Nous avons, par une simple application de la loi, dé joué les tentatives des factieux, et la France a pu offrir le spectacle merveil leux de l’Exposition et du centenaire. » Appeler une simple application de la loi les manoeuvres électorales employées par Constans, l’odieux accroc donné aux lois et à la justice par le procès de la haute cour, c’est vraiment de la fu misterie à haute dose. Et la suppression des 8,000 voix du général Boulanger à Paris? Est-ce là une simple application delà loi? Mais tout cela ne signifie rien ; nous connaissons la loyauté de la majorité républicaine et sa manière d’interpréter les lois....