Extrait du journal

M. Paul Reynaud a exposé hier la situation. Telle quelle est, sans fard et sans vaine acrimonie. La situation est grave. Nous avons subi des coups durs. J1 faut bien le dire, des coups inat tendus. Nous avons subi une ignoble guerre de gangsters, alors que nous menions un|. guerre de chevaliers. Nous avons subi le travail de corruption et de sabotage des cinquièmes co lonnes qui avaient coupé devant nos troupes toutes les routes d'accès vers les Ardennes bel ges, tandis que l'ennemi trouvait devant lui tous les passages ouverts. Nous avons subi la débâcle de l'armée Corap, qui laissait pratiquement libre la route vers la mer. Nous avons subi des coups durs. Mais nous en avons connu d'autres. La guerre commence, nous la commençons avec une armée qui a gardé tous ses moyens d'action en face d'un ennemi pour lequel douze jours de combats et l'éloignement de ses bases pose déjà quelques problèmes délicats. Nous avons subi des coups durs. Mais Weygand les con naissait quand on a fait appel à lui. Les connaissant, il n'a pas hésité un instant. Et quand un homme comme Weygand prend une partie en mains, on peut tenir pour assuré que le jeu sera bien mené. Le moment est venu pour la France de se raidir. Elle a déjà montré quelquefois au monde ce dont elle est capable quand elle se raidit....