Extrait du journal

La répartie d’un curé Pour ameuter les paysans contre le clergé, des blocards anticléricaux répandent le bruit, dans certaines campagnes, que ce sont les curés qui ont fait voter la loi de trois ans. 11 y avait eomme cela, en 1870, tel curé d’un petite paroisse rurale qu’on accusait d’avoir envoyé cinq canons et 3 millions aux Prussiens. Un prêtre du voisinage, homme d’esprit et de cœur, vint, sur ces entrefaites, prêcher le sermon de la fête de l’Adoration perpétuelle. Il prononça la petite allocution que voici : « Mes frères, vous entendez répéter chaque jour que les curés ont fait pis que pendre et qu’ils sont capables de tout. Hélas 1 ce n’est que trop vrai, et je n’essayerai pas de les défendre. Au contraire, je vais vous révévéler un crime abominable, commis par eux, et dont on ne vous a jamais parlé... La se maine dernière, vous l’avez certainement re marqué, la lune était ronde comme un fro mage. Depuis elle diminue un peu chaque nuit et elle disparaîtra bientôt complètement. Pour expliquer ce phénomène, les almanachs vous disent : « C’est le dernier quartier ». Us vous trompent, mes frères. Voulez-vous sa voir la vérité vraie, au sujet de la disparition de la lune ? Ecoutez-moi bien, je vais vous la dire... » Et mettant, ses deux mains autour de la bouche, en forme de porte-voix, il leur cria : « Ce sont les curés qui la mangent 1... » Après quoi, il lit un grand signe de croix et commença tranquillement son sermon. Le daim à l’état-major Les Berlinois se racontent en ce moment avec délices une anecdote qui aurait eu pour cadre les dernières manœuvres impériales. Entouré de ses officiers, Guillaume II ob serve les mouvements des troupes. Tout à coup, effrayé par la fusillade, un superbe daim s'avance au galop dans la direction du groupe et passe au milieu de lu brillante escorte. A quelques pas se tenaient les officiers suEérieurs d’un régiment de ligne. On les enîndit rire, et si joyeusement, que l'Empereur envoya un général s’enquérir des causes d’une gaîté aussi bruyante... — Majesté, les officiers ont ri paire que le colonel a fait une plaisanterie. — Qu’il vienne me la répéter, ordonna l’Em pereur. Le colonel se rendit aussitôt près du sou verain et confessa : — Majesté, j'ai dit : « C’est la première fois qu’un daim a pu entrer à l'état-major géné ral sans recommandations. » Le Kaiser rit à son tour et répliqua : — Colonel, je. vous nomme a l’état-major général. Vraie ou fausse, cette histoire divertit infi niment les Berlinois. Nous inclinons à la croire fausse. Le régime du bon plaisir Dernièrement, le directeur de l’école liaiionale de Cluses (Haute-Savoie), recevait, du ministre du commerce, M. Massé, une lettre officielle lui annonçant la nomination d’un jeune homme à un poste de professeur au traitement de 2.700 francs dans son école. Réponse immédiate du directeur pour faire savoir au ministre qu’il n’y avait pas de places vacantes dans le personnel enseignant de son école. Télégramme officiel et impéra tif du ministre enjoignant au directeur de renvoyer immédiatement un des professeurs de l’école pour installer à sa place son pro tégé. Le directeur s'inclina et sacrifia l’un de ceux-ci. Mais la population s'ameuta, et quand le professeur instrus arriva à la gare, où il était connu, il fut reçu par une telle bordée de clameurs, de sifflets et même de menaces, Îu’il s'enfuit à toutes jambes et envoya sa émission. Voilà l’histoire que nous raconte le jour nal la « Haute-Savoie »....