Extrait du journal
ce parce que « la tendance du gouver nement représentatif incline à la mé diocrité », comme dit Stuart Mill? Je ne veux pas le rechercher, c’est un sim ple fait que je veux constater. Dans presque toute société, toute réunion, qui pis est, dans presque tout salon, il est un monsieur qui, introduit on ne sait au juste comment chez vous, cherche à briller, qui pontifie, dédai gne, écrase. Le mal serait sans impor tance, si le personnage en question avait une réelle valeur ; mais, neuf fois sur dix, vous vous trouvez devant un raté, un incompris, un mécontent, un ambitieux déçu dont les prétentions sont immenses et les capacités nulles. La bile coule dans ses veines, il insinue les plus infâmes calomnies, il bave sur tout ce qui passe à portée. Il est sans pitié pour les autres, mais lui ne sent rien, tout comme le charlatan qui arra che les dents sans douleur pour luimême. Ce monsieur qui sait tout, a tout vu, parle de tout, connaît tout, qui vous place aussi bien le Danube à Varsovie que la Vistule à Vienne,est l’être le plus plat, le plus écœurant qui se puisse rencontrer. Malgré sa bouche en cœur et sa voix flûtée, il porte l’ennui avec lui comme une atmosphère.Son sérieux est assommant, sa gaîté plus assom mante encore. Il a toujours raison, il ne doute jamais de lui-même, il se don ne en exemple aux autres, ce qui est peut-être sa seule façon d’entrer en rapport avec eux. Ce que « l’inévitable » adore, c’est donner des leçons à autrui, surtout des leçons de politesse ; il est le vivant et vrai manuel du bon ton « fin-desiôcle ». Il se connaît, lui, en politesse, à peu près comme un âne en dragées. Peu importe !... Il crache en présence des femmes, porte familièrement la main à son chapeau au lieu de se dé couvrir en les saluant, leur marche sur les pieds dans l’omnibus ou en chemin de fer, jure à tout propos, et demande la permission de fumer après avoir tiré plusieurs bouffées de son cigare en di sant d’un air de conquête : « Le tabac ne vous gêne pas, n’est-ce pas ? » Il ne s’efface devant personne, se place tou jours au premier rang, est l’intime, — du moins il le dit bien haut, — de tout ce qui a un nom et une place, il est prêt à vous promettre tous les services, mais il ne vous en rend jamais aucun. Sa précieuse individualité avant tout. Il l’impose, l’implante, et tout le monde doit la supporter. Il ne voit que lui, ne comprend que lui, n’aime que lui, il va partout, et partout chuchote des confi...
À propos
Lancé sous le titre Le Drapeau tricolore en 1832, ce journal de Chalon-sur-Saône devient le Courrier de Saône-et-Loire en 1840. En 1921, il absorbe le Journal de Saône-et-Loire et l'intègre à son nom en 1947 pour donner Le Courrier, Le Journal de Saône-et-Loire. Depuis 2000, le titre est publié à nouveau sous le nom Journal de Saône-et-Loire.
En savoir plus Données de classification - fourneau
- lavigerie
- chalon
- de laboulaye
- gervais
- léonard
- desprès
- saint-pé
- bloum
- geissler
- brazzaville
- paris
- suisse
- allons
- france
- la vistule
- le danube
- varsovie
- alle
- tonkin
- la république
- polignies
- université de bâle