Extrait du journal

— Qu’est-cc que cela signifie ? se de manda t-il. Quel homme est-ce que ce Lasi-do? Quelle femme est-ce que Marie Grlvet? Il est donc écrit que je ne saurai rien, jamais rien? Il jeta les yeux sur la pendule, elle mar quait neuf heures et demie. De rage, il saisit son chapeau et sortit sans songer même à demander au valet de chambre les lettres et les journaux du soir. Pendant deux heures, il erra devant lui à l’aventure, perdu au milieu de la foule qui le coudoyait, rêvant à toutes sortes de projets chimériques, l’esprit tendu, les nerfs agités. Pour un peu, il aurait cher ché querelle au premier passant venu. Le grand air et la marche finirent par le calmer. Par un mouvement machinal il avait quitté les boulevards, traversé la rue Royale, franchi la place de la Con corde et remonté l’avenue des ChampsElysées. Là, il avait tourné à droite, sans savoir ce qu’il faisait. Lorsqu’il revint à lui, il promena dans l’obscurité un regard étonné. — Où suis je y se demanda-t il. Il ne reconnaissait pas l’endroit où le hasard l’avait conduit. Cela n’avait rien d’extraordinaire, puis qu’il était près de minuit. Pas un des rares magasins qui se trouvaient de cha que côté du boulevard n’était ouvert, si non çà et là quelques boutiques de mar chands de vin. L’obscurité était profonde, malgré les becs de gaz espacés qui en atténuaient l’intensité. Une solitude complète régnait sur le boulevard désert....