Extrait du journal

Dans ce tiers parti personne ne prononçait le mot de capitulation, mais en scrutant leur conscience, il y en aurait eu plus d’un pour qui mettre bas les armes eût été un malheur heureux ; et parmi les mobiles il s’en serait certainement trouvé qui pensaient qu’en présence de l’enDemi, un fusil, voire même des galons d’or sont bien plus embarrassants que dans une revue où l'on défile sous le regard paternel de M. le maire el de son conseil, à la grande admiration des jeunes filles qu’un air guerrier el quelques brins de dorure séduisent toujours. Mais encore nue fois tes lions de la place publique, subitement devenus des agneaux, refoulaient au fond de leur cœur leurs vrais sentiments et se contentaient d’ex primer pour Garibaldi, qu’ils regardaient comme I homme de la délivrance du service militaire pour eux, des senti ments d’une timide sympathie. Sans se mêler à leurs conversations, le commandant traversa la foule qui s'ouvrait respectueusement devaut lui et entra dans la salle des délibérations. La jeune fille y avait déjà été introduite. Grande, ses cheveux bouclés retombant sur ses épaules, eu s'échappant de dessous cette coiffure originale qui ressemble à un gros papillon noir battant des ailles sur le sommet de la tête Alsaciennes, elle s’élail débarrassée de sa manie et du ballot qu’elle portait en bandoulière et attendait, sans timidité comme sans effronterie, qu’on t'interrogeât. Le colonel des mobiles de l’Ardèche avait déjà pris place sur son fauteuil. M. Bonardel alla s’asseoir à sa droite, un second commandant s’assit à gauche, les autres formèrent le demi-cercle el la jeune fille tut invitée à s’ap procher....