Extrait du journal

LETTRES DE VERSAILLES Correspondance particulière du Courrier du Berry. Versailles, le 25 juin 1874. Le Journal des Débats a publié ce matin une lettre adressée par M. le comte de Montalivel à M. Casimir Périer. Dans celte lettre, datée du 7 juin, l’ex-ministre de Louis-Philippe félicite M. Périer de son attitude et se prononce en faveur de la République. Cette adhé sion d’un orléaniste, blanchi sous les harnais de la monarchie de Juillet, est trop tardive pour produire une vive impression dans le monde politique. Aussi, je vous avouerai franchement que bien peu d’hommes politiques le prennent au sérieux. La gauche, ellemême, qui s’était d’abord considérée comme trèshonorée d’une adhésion aussi inattendue, commence à se demander si la lettre de F ex-ministre, rapprochée de certains événements sur lesquels nous ne voulons pas insister, n’indique pas quelque perfide change ment de tactique chez ses anciens adversaires. Touie la gauche, bien entendu, ne partage pas ces défiances; mais dans les rangs de l’Union républicaine, il serait facile de citer 40 membres qui redoutent l’alliance des transfuges du centre droit et qui se proposent de montrer une sévérité d’autant plus grande, que ces transfuges manifesteront plus d'empressement à se séparer de leurs anciens alliés. Si comme on l’an nonce, M. le comte de Paris fait paraître un mani feste républicain dans le prochain numéro de la Revue des deux Mondes,—eu pronunciamento ne fera qu’augmenter les craintes des radicaux intransigeants. On dit déjà que M. Gambetta a beaucoup de peine à contenir les effervescences de ce groupe ; et on ajoute qu’à la première occasion les intransigeants repren dront leur allure naturelle. Déjà, la clause révisionniste insérée dans la motion Casimir-Périer soulève de nombreuses critiques, les doctrinaires du radicalisme refusent de reconnaître, à l'Assemblée, le droit de révision intégral. C’est à peine s’ils permettraient de modifier un des rouages du mécanisme républicain ; jugez donc qu'elle sera leur altitude si on veut obtenir d’eux qu’ils autorisent la transformation intégrale du gouvernement de leur choix. Comme vous le voyez, la lettre de M. Montalivel n’est pas faite pour nous déplaire. Nous savons d’ail leurs, de bonne source, qu’un des chefs les plus éminents du centre droit la combat ouvertement devant ses collègues et en désavoue hardiment les termes et l’esprit....