Extrait du journal
L'Amérique a été témoin de celte lutte homérique, qui marque une nouvelle, phase dans l’art nautique et y introduit une révolution. La domination sur mer appartiendra, le fait est certain, au gouvernement qui, le premier et le plus promptement, aura pu se résoudre aux énormes sacrifices qu’exigera la construction de quelquesunes de ces infernales machines qu’on ne peut ni couler ni aborder. Après quatre heures d’une cantonade à boni portant et de chocs formidables, on remarquait sur la cuirasse du Monitor, selon le dire de tous les témoins oculaires, quelques légers aplatissements. Le pont n’est qu'un toilent 1er sur lequel on fait couler des Ilots d’eau bouillante, si l'on se hasardait, par impossible, à l'aborder ; les batteries de canon pirouettent sur •elles-mêmes et prennent toutes les directions; pas un homme ne parait, pas un homme ne peut être blessé, et l’éperon d’acier que chacun de ces monstres cache sous l'eau, fait couler les plus gros navires. Toute une Hotte serait détruite par deux ou trois de ces machines. H ne s'agit donc de rien moins que de réformer tout le matériel naval. L’Angleterre, spis a dépensé tant de millions pour la fortification de ses côtes, comprend ce danger ; aussi la chambre des communes s’inquiète ; des interpellations se croisent, et M. GréLory fait cette déclaration fort significative : «Je crois que tout l'argent (pie nous dépenserions en fortifications pour résister à une invasion serait littéralement perdu. Dans le cas de Portsmouth, il serait pis que perdu;-car des forts ne seraient autre chose que des bouées, des indications qui permettraient aux vaisseaux ennemis de gagner sûrement le rivage. On nous dit (pie les lourds projectiles lancés par les forts sur le Merrimac rebondissaient « comme la grêle » sur un toit de zinc. » Les boulets de 180 livres n’ont aucun effet sur des vaisseaux comme le Merrimac ou le Monitor. 11 ne peut plus être question d'abordage, car aborder sur les côtés .inclinés du Merrimac serait remonter le toit d’une maison, cl, si l’on abordait le Monitor, nos matelots anglais, armés de leurs coutelas, seraient repoussés par un flot d’eau brûlante et de vapeur. C’est jeter l'argent que de construire des fortifications, car un ou deux de ces bateaux, semblables au Monitor, construits en 90 jours, su prix de 60,000 liv. si. seulement, armes do canons du plus fort calibre, seraient infiniment plus formidables que toute fortification. Gibraltar, Québec cesseront d'être imprenables. Si, dune autre part, notre Warrior entrait en lutte avec le Merrimac, on peut douter si le vaisseau à bords inclinés ne viendrait pas à bout du navire à parois verticales, et il est certain que le petit Monitor porterait ses boulets sur la partie du H «m’or qui n’est pas blindée, et c’en serait hui de la gloire de la marine anglaise, A quoi bon dépenser de l’argent aux fortifications d Aldarne, si une batterie flottante peut venir de Lnerbuurg, entrer drus le port, et détruire l’un après l’autre tous nos vaisseaux. »...
À propos
Le Courrier du dimanche est un hebdomadaire créé en 1857 sous le nom de La Semaine politique. Il change de nom en mai 1858 pour marquer sa différence avec La Semaine financière. On y trouve des articles portant sur l’actualité politique, littéraire et financière, qui bénéficient chacune d’une partie réservée dans chaque numéro. Le journaliste orléaniste Lucien-Anatole Prévost-Paradol y a été un contributeur régulier. La publication cesse de paraître en 1866.
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