Extrait du journal

LA SEMAINE POLITIQUE Tous les gouvernements mettent en avant le bien public et en parlent en termes splendides. On doit même croire, ne fût-ce que par charité chrétienne, qu’ils le désirent avec ardeur; et le fait est, dans la réalité historique, que la plupart des gouvernements l’aiment avec sincérité, et que tous l'accomplissent, si leur politique, leur ambition de conservation personnelle le leur permettent en toute circonstance. D’où vient donc que, sauf dans les rares périodes régénératrices, il n’a été accompli chez le plus grand nombre des Etals, dans l’intervalle de soixante ans, qu’un assez petit nombre d’améliorations? D’où vient qu’on soit même fréquemment revenu sur des mesures utiles déjà réalisées, comme, par exemple, la décentralisation administrative accomplie partiellement par la constitution de l’an 111, et remplacée sous le premier Empire par le déplorable système centralisateur qui régit encore la France? D’où vient, en un mot, qu’avec un si magnifique langage en l’honneur du peuple, et des désirs si positivement sincères, on n’ait pas précisément fait beaucoup trop pour lui? Seraitce parce qu’un gouvernement est pour ainsi dire une méthode dominée par certains dogmes, et, bonne ou mauvaise, féconde ou stérile, suivant la nature de ces dogmes? Serait-ce parce que réformer un détail qui tient à un ensemble organisé, sans toucher à cet ensemble, est une entreprise contradictoire et énervante ?...