Extrait du journal

Quand il se produit, en Europe, un événement qui touche à des sentiments profondément enracinés dans tous les cœurs, il est bien difficile à la justice publique de rester calme, immobile, et de prononcer ses arrêts sans passion. Ce qui vient de se passer en Portugal en est une nouvelle preuve. Des religieuses ont été maltraitées, quand elles allaient accomplir dans ce pays une mission toute de fraternité, soigner escalades, élever les enfants. L’indignation a été vive; on sait quel respect s’attache à ces filles dévouées qui, issues souvent desplusgrandes familles, élevées dansl’opulence,descendent volontairement aux travaux les plus humbles et les plus pénibles ; partagent les dangers des soldats dans les camps, et les peines de l’ouvrier dans son grenier; donnent l’instruction à l’enfance et consolent la pauvreté. Assurément, il n’est pas besoin de faire appel aux souvenirs qui s’attachent aux actes d’une touchante piété de sœur de charité, pour faire flétrir les incidents si regrettables survenus à Lisbonne; et nous comprenons que les journaux français ne se soient pas complètement possédés quand le bruit de ces incidents est parvenu jusqu’à eux Mais nous le demandons à V Union elle-même, qui a si éloquemment accusé les Portugais, faut-il faire remonter la solidarité de faits que la majorité d’une nation réprouve énergiquement, de quelques individus infimes jusqu'à la nation? Notre correspondance de Lisbonne, qu’on lira plus loin, vient à l'appui de ces lignes ; elle amoindrit considérablement le caractère de l’opposition faite aux religieuses françaises, qui ont été accueillies avec reconnaissance par la majorité de la nation. Cette lettre est très importante, en ce qu'elle contient, outre des détails complets, l’analyse d'une dépêche adressée, le 13 août courant, par le cabinet de Lisbonne au ministre plénipotentiaire du Portugal à Paris, au sujet de l’agression contre les religieuses ; pièce qui fait peser sur les journaux portugais une grande part de responsabilité. Réduite à d’aussi simples proportions, nous considérons cette affaire comme terminée ; par conséquent, il est mis un terme au zèle passionné de certains journaux....