Extrait du journal

LES élections cantonales, dont la signification, dans bien des cas ne dépassait pas avant la guerre le cadre local, ont eu pour la première fois un caractère politique nettement marqué. Les suffrages des électeurs de toutes tendances sont allés aux partis qui inscrivent dans leur programme des réformes de structure économiques et sociales. La déroute ds la vieille droite conservatrice bornée et timorée, dont les tenants se sont presque tous compromis dans la collaboration, est complète. Même dans l’Ouest, pays où les traditions de la chouannerie se maintiennent vivaces, elle mord la poussière. L'éventail de la politique française s’est profondément modifié. Trois grands partis qui repoussent les formules du passé sortent vainqueurs de cette consultation électorale : le M.R.P.. qu'il faut bien classer à droite, malgré les protestations de ses dirigeants qui se prétendent très avancés ; le Parti Socialiste, qui représente le centre gauche, et le Parti Communiste, qui devient le grand parti de gauche. En tenant compte de Paris et de la Seine, le total des voix communistes et socialistes est sensiblement égal à la majorité des suffrages exprimés dans le pays. Si le parti communiste et le parti socialiste s'unifiaient en un seul, ils pourraient diriger le pays, ils pourraient bâtir une Constitution démocratique, une économie nouvelle et dynamique, soustraite à la domination des trusts et à l'abri des crises capitalistes. Malheureusement, certaines Fédérations socialistes ont préféré, dans un but électoral, l'alliance avec le M.R.P. à l'union avec les communistes qui ont pourtant la même doctrine qu'eux. L’élection des candidats socialistes. grâce aux voir réactionnaires clans les départements comme dans la Loire, la Haute-Vienne et l'Isère, est particulièrement significative à cet égard et pourrait être inquiétante pour l'avenir si ces cas ne demeuraient pas, malgré tout, isolés en face de la magnifique union des forces démocratiques au deuxième tour, dans l'ensemble du pays....