Extrait du journal

Cela signifie — et on l'a vu surtout à Chapeï — que le rôle de l'aviation, aussi important qu'il soit, n'est pourtant pas décisif et que malgré le développement formidable que prit la technique des armements, l'infanterie reste la reine indiscutée des champs de bataille. Si l'aviation est capable de paralyser les centres économiques et industriels d'un pays, si son activité est susceptible d'ébranler le moral d'une nation, elle est par contre impuissante lorsqu'il s'agit de 1 occupation du territoire ou des positions de l'ennemi. Les bombes les plus formidables et les avions les mieux équipés ne valent, en effet, presque rien lorsqu'il faut déloger des groupements éparpillés de quelques centaines ou de quelques milliers d'hommes, armés de mitrail", leuses et s'abritant derrière des fils barbelés. Le bombardement de pareilles positions, tout en étant terriblement coûteux, ne sert pas à grand' chose, puisqu'on trouve toujours une demi-douzaine d'hommes pour prendre la place de ceux qui sont morts. Si une maison s'écroule, on se cache dans le trou creusé par la bombe. Si les fils barbelés et chevaux de frise sont soulevés par la force de l'explosion, on empoigne la mitrailleuse et on se place là où ils sont tombés... Bref, quelle que soit la violence du bombardement, il faut que finalement l'infanterie apparaisse sur la scène pour cueillir les fruits de la « préparation aérienne », ce qui signifie que c'est plus sur la terre ferme que dans 1 air que se décide le sort des batailles....