Extrait du journal

Le charme de ces causeries, — et je me tourne vers Celle qui les a instituées pour lui dire mon respectueux et wÍfectueux remerciement, — c'est de nous avoir rendu un plaisir bien français et qui se fait rare. Depuis que l'automobile nous a donné des chances si divertissantes de nous sauver, chacun de notre côté, à notre fantaisie, les mondaines ont un peu perdu l'habitude de nous octroyer ces audiences régulières qui étaient un des attraits les plus précieux de la vie deParis. A moins d'évoluer dans le cercle étroit de leur bienveillance très particulièæ, on ne sait jamais à quelle minute on les trouvera chez elles. Finis les cinq à sept où l'on avait la certitude de les rencontrer ! Les hommes qui étaient de leur entourage s,e rendaient là assidûment. Ils étaient d'âges et venaient de milieux de 'pensée très différents. Chacun de nous, en ce temps-là, faisait sa cour avec c'e qu'il savait. Je :me souviens d'avoir rencontré chez des princesses de vieux géologues, membres de l'Institut, qui essayaient de se pousser en racontant les histoires de leurs cailloux. Cette pratique était très profitable aux belles-lettres, car jamais ces hommes supérieurs n'auraient fait pour nous instruire, nous autres, leurs rivaux, l'effort qu'ils s'imposaient là. Ils usaient des ressources de la langue française qui se met en souriant au'service de toute pensée, la plus savante., la plus grave, Dour exprimer des idées particulières dans des termes que tout le monde pouvait comprendre....