Extrait du journal

EN remontant l'avenue des ChampsElysées, à gauche et à droite, toute personne ' qui touche une de ces mobiles portes tournantes qui sont les innombrables embouchures du « gangs'land » sur la ville et qui fonctionnent comme des ventouses, est happée et perd pied avant d'avoir fait un tour entier sur elle-même. C'est un drame vertigineux qui se déroule en un din d'œH et que Charlot a admirablement illustré dans un de ses films. Le passage est si brusque de la réalité de la rue au climat brûlant, artificiel, qui règne à l'intérieur du bar, du dancing ou du palace où l'on vient de pénétrer, qu'en en franchissant le seuil on a la sensation de s'être dépouillé de sa personnalité pour lutter corps à corps avec son double, car on ne se reconnaît plus dans les glaces qui vous aveuglent, renvoient les feux d'un projecteur et les lueurs diffuses: des plafonniers qui effacent vos traits. On a le vertige. On se trouve soudainement cramponné à une table qui surnage comme une épave au milieu des couples qui vous bousculent et du raz de marée débordant d'un jpzzhot. Le premier alcool bu. ,rien ne vous aide encore à vous retrouver et' à savoir où vous 'êtes, tant le décor est abstrait."...