Extrait du journal

Mulhouse, 5 août. On s’occupe actuellement dans la presse des chances de renouvellement des traités de commerce, en présence du nouveau tarif douanier. Le Journal des Débats dit que l’Allemagne suit une voie qui la mènera probablement à des résultats aussi mauvais pour elle que pour le commerce général et les pays avec lesquels elle est plus spécialement en relations économiques. Comme il fal a t s’y attendre, et comme le gouvernement allemand le prévoyait certainement, il y a eu dans la presse des pays intéressés, dans les journaux autrichiens et hongrois, dans les journaux italiens et russes, une explosion très vive de mécontentement. Cela tient à l’action de plus en plus grande du facteur économique dans les rapports entre nations. Il est un des intérêts premiers, vi vaces, et, en fin de compte, il intervient avec une force toujours grandissante L’Italie qui. en 1892, exportait pour 145 millions de fr. (commerce spécial) en Allemagne, arrivait à près de 200 millions de francs eu 1898. C’est le plus fort marché étranger pour l'Italie, qui se sent touchée par les droits sur les vins, les soies, etc. La Russie est frappée par les droits sur les blés cl les seigles. Elle pourra répondre du tac au tac à l’Allemagne, car elle lui a pris, en moins de cinq ans, de 1896 à 1900 plus de 400 locomotives qu’elle pourra acheter ailleurs, ainsi que beaucoup d’autres machines, et certains produits métallurgi ques qu'elle se procurait chez son industrieuse voisine de l’Ouest. Il en est de même pour l’Autrii-he-Hongrie. Ses exportations en Allemagne oscillent autour de 400 millions de florins. C’est, comme pour l'Italie, le plus important débouché de l’Autriche-Hongrie à l'étranger, puisque le pays qui vient après l’Allemagne pour les exportations est l'Angleterre, où l’Autriche n'envoyait pas, en ces dernières années, plus de 60 à 65 millions de florins de produits. Quant aux Etats Unis, ils exportent en Allemagne pour 150 millions de dollars de produits, et ils seront aussi, eux, assez gênés dans leur commerce de ce côté. Et ce ne sont pas seulement aux produits agricoles qu’ils font concurrence, mais aussi aux produits de l’industrie alle mande. On s’en plaint fort en Allemagne depuis quelques années. La France serait toua chée, elle, pour ses vins, ses alcools de mar que, ses soies, ses tulles et dentelles....