Extrait du journal

Mulhouse, 6 janvier. Le 5e congrès sioniste qui vient de se clore à Bâle, a fait plus de bruit que les précédons, et les journaux suisses surtout se sont beaucoup occupés du mouvement. Le Journal de Genève en extrait la philosophie dans un long article où il dit entre autres : « Le sioniste est un vaste manteau qui recouvre bien des tendances diverses. Pour tels adhérents il s'agit avant tout de créer, indépendamment de toute question de dogme, un lien commun réunissant le peuplejuifrépandu sur toute la terre, par le réveil des souvenirs patriotiques de sa grandeur passée. Pour eux, les juifs, croyants ou non, sont, bien que disdéminés, une nation devant avoir une unité de sentiment la distinguant de la population ambiante. C’est en quelque sorte la tendance laïque du judaïsme. Elle trouve de nombreux adversaires parmi las rabbins orthodoxes,qui, en Allemagne, ont fait une grande manifestation contre le sionisme. Dans d'autres groupes sionistes, le judaïsme est considéré moins comme une concept ion ci vile que comme une religion ; aussi cherchent-ils à atteindre l’unité par un réveil de l’orthodoxie ; pour d’autres encore, le sionisme n’a de raison d’être que comme moyen de rentrer en possession de la Palestine. Cette idée de reconstitution d'un peuple juif dans sou propre pays est plus ou moins latente chez tous, même chez ceux qui ne songent nullement à quitter les lieux qui les ont vus naître et où ils se sont créé une situation, mais il est pas mal de sionistes aussi qui, considérant cette éventualité comme un espoir, bien lointain, voudraient aller au plus pressé et commencer far procéder au relèvement du prolétariat, sans lequel l'établissement de colonies juives en Palestine serait une utopie. Parmi ceux-ci encore, il y a divergence entre les intellectuels et les philanthropes pratiques....