Extrait du journal

Avant guerre, ce système de l’étalonner fonctionnait passablement. Le mécanisme automatique décrit par Ricardo donnait encore satisfaction. Que tout excès d’exportation entraîne un afflux d’or, suivi d'une hausse des prix, hausse des prix qui provoque une réduction des exportations, une augmentation des importations, une sortie d'or ; d’où : une baisse des prix qui provoque un excès d exportation, et ainsi de suite -il y a là un cercle sans fin, devant lequel, avec les classiques, nous nous émerveillions, un peu comme les Physiocrates devant leur Tableau économique. Etcependant il y avait longtemps que des Ansiaux et des Nogaro avaient perçu les défauts de cette théorie quantitative. Ces esprits ouverts n’ont pas eu à attendre les expériences de guerre et après guerre pour se rendre compte que l'or était devenu un mauvais trait d'union et que la loi naturelle schématisée par Ricardo ne correspondait plus à la réalité. D'une part, la baisse des prix ne suivait pas fatalement la fuite de l’or, car non seulement les billets de banque mais les crédits en banque tendaient à se substituer à l'or comme monnaie intérieure. D’autre part, l'afflux de l'or ne suivait pas nécessairement la baisse des prix, car les valeurs mobilières tendaient à se substituer à l’or comme monnaie internationale....