Extrait du journal

M. Dnfaure qui, se trouvant en denil, s’était ex cusé, tous les ministres étaient présents; tout le conseil municipal, ayant à sa tête M. Hérisson; M. Duclerc, vice-président du Sénat; un grand nombre de sénateurs et de députés; les présidents de section presque au complet ; toutes les sommités enfin des lettres et des arts, etc. Un public nombreux se pressait sur la plate-forme du Champ-de-Mars. MM. Teisserenc de Bort et de Marcère ont pro noncé des discours, la musique de la garde répu blicaine a joué la Marseillaise aux applaudissements de tonte l’assistance. Dan» la journée, le nombre des entrées a atteint 1 70,000 environ. Le prix avait été fixé à 25 cent, par personne. De mémoire d’homme, et peut-être jamais, Paris n’avait été le théâtre d’nne pareille fête. Le souvenir en restera toujours dans la mémoire des trois millions de personnes qui y ont assisté et qni en ont été à le fois les témoins et le» acteurs. Ce qui a caractérisé particulièrement cette fête du 30 juin, une date historique désormais, c’est un en thousiasme individuel qui en deux jours a trans formé Paris en une cité féeriqne. Paris était nne immense kermesse, présentant, soivant le quartier, un caractère particulier et original. Dans lea quartiers excentriques on avait organisé de véritables foires populaire», avec tont le pro gramme obligé : chevaux de bois, baraques de saltimbanques, cirques ambulants, ménageries et enlèvements d’aérostat». Aucun quartier n’était déshérité. Sur les balcons, dans les embrasures de fenêtres étaient placés des bustes de la République et de la France. En beaucoup d’endroits étaient dressés des mait couverts de drapeaux et de bonqnets de fleurs. Les maisons n’étaient point seules pavoisées. Tons les omnibus et tous les tramways avaient à leur arrière un drapeau. Des tapissières étaient enguirlandées sur toutes leurs faces, et l’on ne rencontrait pas un seul cocher qui n’eût placé sur sa voiture on drapeau, ou n’eût orné le harnache ment de ses haridelles d’une cocarde, d’un pompon ou d’oriflammes microscopiques. Quelques patriotes n’ont pas voulu, qu’à cette fête, le premier président de la République ne fût pas associé par le souvenir. Us ont posé discrète ment à la grille de son hôtel, place Saint-Georges, une couronne d’immortelle» entourée de rubans tricolores , avec cette inscription ; A fabsent. Cet hommage a vivement impressionné ; les passants se découvraient respectueusement. Le soir à dix heures , une manifestation a eu lieu à l’hôtel dn grand patriote. Un des principaux centres de la fête était le concert monstre des Tuileries, qui a obtenu un succès immense. 150,000 personnes y ont assisté. Le spectacle de la fête de nuit était merveilleux, féerique. C’est au bois de Boulogne que l’illnmination & été la plus splendide. A neuf heures, le canon du Mont-Valérien re tentit : c’est le signal du feu d’artifice. Les fusées se croisent dans le ciel, inondant le lac et ses abords d’nne pluie d’étoiles filantes. L’effet est stupéfiant. Les bombes éclatent avec un crépite ment de salves d’artillerie, accompagnées par les hourras des cinq cent mille spectateurs groupés pittoresquement autour du lac. Des bandes de jeunes gens portant des torches et des lanternes et chantant sillonnent le bois. A dix heures, les premières fanfares de la retraite se font entendre ; le feu d’artifice est terminé. La retraite part de la batte Mortemart. Des gardes républicains à cheval tieanent la tête, torches en main. Puis viennent des cuiras-...