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Feuille de Provins, 22 avril 1882

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Feuille de Provins
22 avril 1882


Extrait du journal

fois qu’ils étaient arrivés au Conseil, leurs philan thropiques intentionssc heurtaient à des diflicultés que leur ignorante des choses administratives 11e leur avait pas permis de soupçonner. U ne suflit pas d’avoir des idées, il faut encore savoir si elles sont applicables et surtout savoir les appliquer. Nous connaissons tel ou tel maire de grande ville obligé de transformer les séances du Conseil muni cipal en un cours de dioit administratif a l’usage de ses collègues. Dans l’ardeur de son zèle, un conseiller faisait-il une proposition nourrie, caressée par lui dès long temps à l’avance et qui dans son esprit devait produire des résultats merveilleux — ce que vous demandez, lui objectau-on , est contraire à la loi. — Comment, contraire a la loi ! Il existe donc une loi semblable l — Oui, certes. Alors, patiemment, le maire y allait de son cours de droit. Et le pauvre conseiller, ébahi, voyait s'envoler avec sa proposition scs beaux rêves, s’étc.inant qu'un Conseil municipal put être soumis à la loi et ue fût pas le maître absolu dans sa ville, comme lui, commerçant 011 industriel, l'était dans sa bou tique ou son atelier. Le fait que nous citons, u’est pas un fait parti culier à tel ou tel endroit. Malheureusement, à quelques différences et nuances près, c’est la un fait presque général. Sous prétexte de politique, dans les campagnes, on élit trop souvent et systématiquement comme conseillers municipaux. des gens qui paient peu ou point d'impôt; sous prétexte de politique, on laisse de côté dans les villes des hommes de valeur qui rendraient les plus grands services. C'est pourquoi nous appelons de tous nos vœux le moment où la politique sera bannie du Conseil municipal, où les conseillers ne seront plus les électeurs des sénateurs, mais tout simplement les administrateurs des cornmuues. Ce qui caractérise les élections de dimanche, partout en France, c’est principalement le progrès des abstentions. A Alais, sur 6,081 inscrits, il y a eu 2,531 votants. Dijon, pas de résultat, 11,000 abstentions. Lyon, sur 2,892 inscrits, dans la deuxième section, 548 votants. Marseille, sur 64,800 inscrits, 51,300 ab stentions. Montpellier, le tiers des inscrits ne s’est pas présenté. Privas, 500 rotants sur 2,500 inscrits. Rouen, pas de résultat. Villefranche, 122 votants sur 3,194 inscrits; le premier candidat tient la tète avec 63 voix. Lille, 5,000 abstentions sur 8,000 électeurs. Provins, 1,103 abstentions sur 1,806 inscrits. Nous disons plus loin ce qui s’est passé à Moutereau. Un fait plus extraordinaire s’est produit à Tou louse : peisonne ue s'est présenté et le bureau n’a pu être constitué. Noua sommes bien loin de l'agitation que redou tait M. le ministre do l'intérieur lorsqu’il s’opposa au renouvellement intégral des conseils muni cipaux. La vérité, c'est que les élections municipales du 16 avril ne passionnaient le pays e:i aucune façon et ne l’intéressaient guère ; c’est que, dans la plu part des cas, il s’agissait de vacances peu nom breuses, et que le résultat du scrutin ne pouvait pas déplacer la majorité dans le sein du conseil municipal; c’est que, surtout, on abuse un peu, depuis un au ou deux, du recours au suffrage universel. Renouvellement des conseils municipaux, renou vellement des conseils généraux, renouvellement de la Chambre, renouvellement partiel du Sénat, ce sont la, pour une période de moins de deux ans, de bien fréquents scrutins. L’électeur, quelque zélé qu’il soit, se fatigue d’être appelé si souvent aux urnes quand aucun iutérèt de premier ordre n’est en jeu. — Un grand nombre d’élections municipales n’ayant pas donné de résultat, il y aura lieu demain à un scrutin de ballottage. Par suite, l’élection des maires qui devait avoir lieu le 23 avril prochain , sera nécessairement renvoyée au 30 avril, dans toutes les villes où un second tour de scrutin est nécessaire. 11 importe de faire remarquer que les maires qui vont être ainsi élus dans tous les chefs-lieux, ne seront nommés que pour la période duraut laquelle doit encore s’exercer le mandat des conseillers municipaux actuels. Les conseils municipaux actuellement en fonc tions ont été élus le 9 janvier 1881 ; ils doivent donc durer jusqu’au 9 janvier 1884, puisqu’aux termes de la loi municipale de 1871, leur mandat est d'une durée de trois années. Par conséquent, les maires qui seront élus la semaine prochaine, recevront des pouvoirs devant durer jusqu’au 9 janvier 1884, c’est-à-dire un peu plus d’un an et demi. A moins toutefois que la loi organique municipale en préparation à la Chambre ne soit votée avant cette époque, auquel cas les conseils municipaux et par suite les maires de vraient être renouvelés intégralement par suite de la mise en vigueur d’une nouvelle législation....

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Fondé en 1815, la Feuille de Provins était un journal hebdomadaire de Seine-et-Marne. Il paraît jusqu’en 1891.

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