Extrait du journal

J K suis rentrée dans Paris occupé après un pénible exode en juillet 1940. D’immenses drapeaux à croix gammes flottaient sur les monuments, on déboulonnait les statues, et déjà les beaux vieux canons Louis XIV avaient pris, avec bien d’autres choses, le chemin de Berlin. Mais le pis était que "l’occupant” se montrait si correct ! On n’avait, hélas ! que ce mot à la bouche. Des nuées de soldats verts, couleur de crocodile empaillé, infectaient nos rues, cédaient obséquieusement leur place dans le métro et prétendaient mettre de l’ordre dans nos idées et dans nos coeurs, pendant que sur les murs d'immenses affiches proclamaient : “Populations abandonnées, faites confiance au soldat allemand . . .” Chacun de nous rentrait chez soi, s’enfermait chez soi, dissimulait un poste de radio et s'efforçait de vivre dans l'attente. Je n’avais alors aucune idée de ce que polirait être une résistance clandestine. Ces mots, aujourd’hui si pleins de sens, n’évoquaient encore rien de précis. Il fallut le retour de notre ami Robert d’Harcourt, aujourd’hui candidat à l’Académie Française, écrivain ar.ti-nazi bien connu, pour...