Extrait du journal

frit par son conformisme et ses préjuges. Je me révoltais alors contre les idées toutes faites que son enseignement universitaire comme son éducation familiale prétendaient nous inculquer. Il s'agissait d’observer dès l'âge des premiers balbutiements de l'âme une orthodoxie dont j’ai découvert, depuis, les directrices et qui embrassait tous les domaines de la connaissance et de la vie. Cette orthodoxie consistait à respecter la science placée à la hauteur de la religion ; à choisir ses poètes, en général les plus médiocres ; à se méfier des peintres, des sculpteurs, des acteurs, des inventeurs et autres créateurs ou précurseurs qu’on avait le droit d'admirer quand ils étaient à la mode, c'est-à-dire quand ils « avaient réussi » ou quand ils étaient riches, connus ou décorés, mais qu'on n’avait pas le droit « de recevoir » ; à gagner plus tord de rangent et à le bien placer en songeant à l’avenir ; à se bourrer le crâne de matériaux intellectuels inutiles ; à applaudir à l'exécution de Louis XVI ; à préparer la revanche contre Г Allemagne en vue de récupérer l'Alsace et la Lorraine au coup de clairon de feu Paul Déroulède ; à ignorer farouchement les problèmes sociaux ; à nier la question sexuelle ; et aussi à condamner, en bloc, et entre autres, les illuminés tels que Kant, Nietzsche. Auguste Comte. Georges Sorti, Jaurès en qui l'on ne voyait que le député de la subversion ?......