Extrait du journal

— Oui, dit Reynaud. « Je file aussitôt à Londres pour avoir les 500.000 tonnes de navires qui nous manquent et que seuls' les Anglais peuvent nous donner. Je gagne la Bretagne en auto au cours de la nuit, après avoir prévenu par téléphone Darlan dont le Q.G. est près de Rochefort, et qui prend tout de suite, pour la première fois, un ton cinglant. Je passe à Rennes où le préfet et les autorités militaires me rendent compte de la situation, puis Brest où l’amiral de Laborde et le préfet maritime sont atterrés par les événements. Un contretorpiller m’emmène à Plymouth. En sortant de Brest, le « Richelieu » nous salue. J’arrive à Plymouth, puis à Londres. Dans la matinée du 15 juin, Corbin [ambassadeur de France], Monnet [Jean Monnet, chef de la Commission d’achats interalliée], 'me parlent d’un projet franco-britannique de déclaration réalisant l'union étroite des deux pays. Je vais voir Eden et l’Amirauté. Us promettent les navires. J’ordonne au « Pasteur », qui arrive des Etats-Unis chargé de canons et de mitrailleuses et qui est en route vers Bordeaux, de se détourner sur l’Angleterre....