Extrait du journal

Si je renonce ici à prendre une Vue de l’acte poétique lui-même, ce n'est point qu’une telle démarche me paraisse en soi inefficace. Mais je me rends compte qu’elle aurait tout au plus une valeur de témoignage. J’affirmerais sur la foi d’une expérience personnelle, qu’à certains moments, l’écrivain engagé dans la création romanesque sent, voit, opère, procède à peu près comme sent, voit, opère, procède l’écrivain livré à la création poétique ; que si le roman relève en général de la raison dissuasive, si la poésie, en général, relève de l’imagination délirante, à y regarder de près, les choses ne se présentent jamais avec une telle simplicité ; qu’en fait il existe un certain contrôle dans toute création poétique si voisine qu’elle soit de l’automatisme ; qu’il existe une certaine transe dans toute création romanesque, si voisine qu’elle soit de la photographie. Mais ayant affirmé cela, je n’aurais apporté au débat qu’une contribution bien fragile. Et les poètes-romanciers ou les romanciers-poètes dont l’expérience coïncide avec la mienne diraient : « Mais bien entendu ; cela va de soi ! > Les autres : < Soit. Mais qu’est-ce que cela prouve ? »...